Bill travaille dans le forage pétrolier et vit à Stillwater une petite ville d'Oklahoma. Au chômage, il part pour Marseille rendre visite à sa fille, Alison, emprisonnée depuis 4 ans pour le meurtre de sa petite amie.
Il lui reste 4 ans à purger mais celle-ci se dit innocente et en possession de nouveaux éléments permettant l'identification du vrai coupable.
Bill est fermement décidé à aider sa fille mais, sur place, il est seul et se heurte à la barrière de la langue. Il trouve rapidement une aide en la personne de Virginie, jeune comédienne de théâtre rencontrée par hasard. Elle est mère d'une petite Maya âgée d'une dizaine d'années et qui s'attache rapidement à Bill .
Celui-ci a une relation difficile avec sa propre fille. Il ne parvient pas à lui exprimer son affection et celle-ci se méfie beaucoup de lui qui a été un père absent, absorbé par son travail et cherchant à oublier dans l'alcool le suicide de sa femme. Ainsi Alison a été élevée par sa grand mère maternelle.
C'est avec la petite Maya que sa fibre paternelle va se réveiller et avec Virginie, qui se rapproche de lui , qu'il va découvrir tout une gamme de sentiments.
Après maintes péripéties Bill parvient à identifier le véritable assassin et à faire libérer sa fille. Mais, pour cela, il a mis la petite Maya en danger et Virginie ne peut lui pardonner.
Dans le même temps, il a découvert l'implication de sa fille dans le meurtre de sa compagne ,en effet, c'est elle qui a payé l'agresseur pour s'en débarrasser. Sauf qu'elle ne souhaitait pas sa mort.
Tous deux rentrent à Stillwater . Leur relation a changé, Alison a repris confiance en son père et celui-ci l'assure de son soutien. Elle est maintenant capable de goûter l'atmosphère inchangée de Stillwater qu'elle avait choisi de fuir. Tandis que pour son père, tout est désormais différent, car, au cours de son aventure marseillaise, il a découvert la couleur et la richesse des sentiments.
(Résumé par C.Decaux)
Au début du film, l'homme est froid et dans l'impossibilité d'exprimer ses sentiments ; il est emprisonné intérieurement mais il prend la décision de rendre visite à sa fille elle-même emprisonnée à Marseille. Sa fille est soupçonnée d'avoir tué son amie dans une crise de violence ; cette violence étant la projection de sa propre violence ayant « tué » son enfant intérieur et celle-ci s'exprimera plus tard dans le film. Le voyage de libération débute.. l'avocate lui dit que tout est bloqué, en référence à lui-même également bloqué dans son évolution. Ce sont ses rencontres extérieures qui vont le mettre en relation progressivement avec lui-même, avec sa capacité à ressentir et exprimer ses sentiments.
Avec ces rencontres, il découvre progressivement sa capacité d'aimer avec Virginie et surtout sa fille Maya qui est la petite fille à la fois extérieure et qui va lui permettre d'éprouver des liens affectifs avec sa propre fille, mais aussi intérieure puisqu'elle va contribuer à retrouver et développer sa paternité. Ce sont des liens affectifs qui se retissent (la permission de sortie est très symbolique, comme une permission qui lui est donnée de sortir de son enfermement psychique) ) lorsque sa fille et Maya se trouvent une complicité symbolisant une reconnexion sentimentale dans son for intérieur.
Maya est une fan de l'équipe de foot de Marseille ; Bill l'emmène voir un match, autrement dit il veut aller jusqu'au bout de sa détermination ; cette volonté de sens a pour conséquence de retrouver l'auteur présumé du meurtre... Et aussi en lui-même.
Bill étant persuadé de l'innocence de sa fille, veut sauver cette innocence qu'il a en lui-même, mais il faudra pour cela libérer sa violence en séquestrant le tueur présumé qui n'est autre qu'une projection de sa propre violence refoulée (le garçon est enfermé dans la cave symbolisant l'inconscient) ; c'est également une projection de lui-même, il cherche à obtenir la vérité sur lui-même.
La recherche d'ADN montre bien le transgénérationnel et cette volonté de retrouver quelque chose d'innocent en soi (?). Et c'est là que l'avocate annonce la réouverture du procès qui agit comme étant une réouverture à lui-même, début d'une libération.
Les flics dans sa tête ne croient pas à son innocence et c'est l'amour inconditionnel de Virginie et de Maya qui vont le sauver ; c'est la capacité d'aimer qu'il retrouve en lui qui va le sauver. Sa fille, projection également de lui-même lui apprend qu'elle ne voulait pas « tuer » son ami mais la violence a « mal tourné » ; pour lui également la vie a mal tourné.
Toutes ces révélations vont lui permettre de sortir de sa prison affective intérieure. Touit a changé.
Il me semble qu’un déclencheur important est l’expression forte de la non confiance de la fille de Bill envers son père. Un peu comme un coup de pied aux fesses qui le stimule et le fait changer de son indifférence habituelle (ah tu dis que je suis un père incapable eh bien je vais te montrer le contraire : expression de l'antagonisme noopsychique ?)
Je trouve aussi qu’un élément important est l’accueil inconditionnel de Virginie qui lui offre un cadre familial et affectif dans lequel il va se révéler.
Un autre est la relation avec Maya qu’il prend littéralement en charge et lui fait expérimenter ce que peut être un rôle de père et l’attachement / l’amour qui vont avec.
Sans oublier la fidélité à la prière avant les repas. Est-ce uniquement un rituel sans signification ? J’ai un peu eu l’impression d’une sorte d’humilité face à une transcendance, et du besoin de le partager avec ses proches. Enfin je m’interroge sur la façon d’interpréter la fin : ‘La vie est brutale’ peut donner l’impression d’une sorte de fatalisme… est ce à dire qu’il faut accepter de traverser le manque et la souffrance pour gagner en intériorité ?