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Existentiel, ca veut dire quoi ?


Le mot ‘existentiel’, comme celui de sens avant lui, a tendance à être de plus en plus utilisé dans le champ actuel  de la communication. Si 'existentiel' signifie simplement 'en rapport avec l’existence', alors effectivement tout est existentiel … et tout thérapeute est thérapeute existentiel…

Essayons donc de clarifier ce que peut vouloir dire existentiel pour un thérapeute existentiel et , en particulier, pour un logothérapeute. 

Nous vivons tous, le plus souvent , d’une façon où les choses semblent plus ou moins aller de soi . Nous avons des activités régulières, un travail, des relations familiales et sociales qui jalonnent et rythment notre existence. Nous pouvons avoir le sentiment de vivre à fond, et l’impression de réussir notre existence et même de nous accomplir. Nous pouvons  aussi, de temps à autre, être perturbés par une relation difficile, un problème matériel qui n’avance pas, être inquiets à cause de soucis d’argent  etc…  et finalement  trouver quoi mettre en place pour en sortir, y compris l’accompagnement par un coach ou un psy 😊.

Par contre, un jour ou l’autre, nous pouvons faire l’expérience particulière d’être confronté à notre propre existence. Nous sommes alors en contact avec une réalité existentielle qui fait vaciller toutes nos certitudes et nos attachements et nous renvoie radicalement à nous même.

Mais qu’est ce donc qu’une réalité existentielle ? C’est une réalité qui est propre à la condition humaine, c’est-à-dire universelle. Elle vaut pour tout homme et s’impose à lui, qu’il le veuille ou non. Impossible d’y échapper, il faut l’accepter et vivre avec. Jaspers l’ appelle  ‘situation limite’ et en identifie quatre : la mort, la souffrance, la culpabilité et l’historicité. Heidegger a surtout parlé de la mort comme marqueur de notre finitude. Pour Sartre c’est la liberté de faire des choix qui nous constitue. Dans le champ de la thérapie existentielle Yalom  décrit 4 ‘enjeux ultimes’ : la mort, la liberté, la solitude fondamentale, et l’absence de sens.  Enfin Frankl parle d’une ‘triade tragique’ : la mort, la souffrance et la culpabilité. Finalement, une réalité existentielle est un donné incontournable de l’existence humaine qui nous concerne dans toutes nos dimensions et retentit de façon vitale en nous. Chaque réalité existentielle est assortie d’une limite à priori infranchissable : par exemple l’inéluctabilité de la mort, l’irréversibilité du temps qui passe, l’imprévisibilité de la maladie ou du malheur et de la souffrance, l’impossibilité de tout maitriser  etc . Ces limites viennent percuter notre désir de les dépasser et sont source d’émotions existentielles (principalement l’angoisse) et de questions profondes auxquelles on tente souvent sans succès d’apporter des réponses. Elle peuvent même provoquer  des crises ou chocs existentiels…

Nous sommes donc nombreux à vouloir éviter à tout prix cette confrontation, car cela peut nous terrifier ou nous rendre fou. Il y a 2 façons d’y répondre : le déni ou l’angoisse … et c’est souvent le déni que nous choisissons , surtout quand les choses vont bien par ailleurs et que nous arrivons à détourner notre attention, ce qui permet de laisser ce genre de prise de tête aux intellectuels et aux torturés …

Etre en contact avec une réalité existentielle c’est donc faire l’expérience de l’angoisse et du désespoir, accepter de les traverser pour devenir plus conscient de notre nature humaine avec ses limites. Mais c’est aussi et surtout une opportunité de s’ouvrir à la possibilité  de vivre sa quête de sens authentiquement et sans faux semblant. Notre dimension noétique nous permet en effet d’affronter ces limites pour faire l’épreuve de l’être profond en nous et transformer notre façon d’être au monde. Il nous faut pour cela nous affranchir de notre illusion de toute puissance et changer notre regard par rapport à ces limites. C’est l’un des objets  d’un accompagnement existentiel…

EB

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